Felipe – que ses amis proches peuvent nommer « Lipe » – est un homme marqué par la vie. Non pas à cause de vieilles blessures qui lui auraient laissé des cicatrices, pas du tout. Sa vie ne lui a étonnamment pas offert beaucoup d’occasions de se blesser. Non, les marques qu’il porte au quotidien sont beaucoup plus subtiles, et laissent entrevoir tout ce qu’il y a à savoir de lui. On pourrait dire qu’il est un livre ouvert. Prenons quelques exemples. Sa peau tannée, parcheminée de taches brunes, prouve qu’il n’aime pas rester en intérieur et préfère la chaleur réconfortante du soleil. Les cals sur ses mains suggèrent qu’il apprécie le travail manuel et la musique. Les quelques rides autour de ses yeux et de sa bouche témoignent, non pas seulement de son âge, mais de sa fâcheuse tendance à sourire en toute occasion.
Pour autant, si l’on ne prête pas attention aux détails de son apparence mais à son allure globale, on reconnaît tout de même certains traits de sa personnalité. La bonne humeur transparaît dans la vivacité de son regard, tandis que son laisser-aller se lit dans la lâcheté de ses boucles sombres et la présence de sa barbe non-entretenue. Ses vêtements amples, légers et confortables, permettent à son corps de s’exprimer pleinement – et leurs couleurs vives attirent l’œil des passants, ce qui lui convient très bien !
Mais Felipe n’aime pas toujours attirer l’attention. Parfois, au contraire, il préfère se faire discret et écouter les autres. Il est curieux de tout, se montrant même parfois indiscret dans ses questions. Profondément bienveillant, il veut veiller à ce que tout le monde puisse trouver sa place en ce bas-monde et s’y sentir bien. Ou, du moins, presque tout le monde. S’il sait faire preuve d’indulgence lorsqu’il le faut, il ne supporte pourtant pas la méchanceté gratuite, la mesquinerie, ni tout ceux qui sont susceptibles de faire du mal à autrui en toute connaissance de cause. Les erreurs existent, il le sait, il en a déjà fait, mais c’est la réaction face à ces erreurs qui lui prouveront la valeur d’une personne. Il se montre intransigeant face à ceux qui ne se repentent pas.
Quelle est son histoire ?
L’Espagne est la terre natale de Felipe, son port d’attache. Pourtant, il n’y est pas retourné depuis plus de dix ans, et n’y retournera sans doute jamais. Il a définitivement coupé les ponts avec ses proches et sa famille après un événement tragique. Il préfère ne pas y penser, oublier ce qui s’est passé. Les raisons se sont depuis longtemps perdues dans les méandres de ses secrets les plus inavouables. Ce passé est révolu et, même s’il en conserve les stigmates au plus profond de lui, l'empêchant ainsi d'accorder pleinement sa confiance aux autres, il ne compte pas y refaire face de sitôt. Aussi, il tâche de faire oublier ce qu’il a été autrefois, d’où il vient... Ce n’est pas tous les jours facile.
Pour autant, il ne peut pas cacher tout son passé. La famille De Mora vient d’Espagne, et plus précisément des campagnes aux alentours de Grenade. Tous ceux qui s’intéressent un tant soit peu à la communauté hispanique des sorciers le savent. Ils savent aussi que cette famille au sang pur n’est ni très riche, ni très influente, et que, malgré d’illustres ancêtres, l’Histoire n’a jamais retenu son nom. Ce qu’ils ignorent, c’est que c’est précisément la raison pour laquelle Estebán De Mora, l’arrière-grand-père de Felipe, a décidé d’envoyer sa descendance à Poudlard et non à Beauxbâtons. Il espérait que la réputation de l’école britannique redorerait l’image de sa famille.
Ainsi, à l’âge de onze ans, Felipe a rejoint l’Angleterre pour étudier dans sa célèbre école de magie. Loin d’être un surdoué, il a travaillé dur pour obtenir son diplôme. Il a découvert certaines prédispositions à l’art du duel, bien qu’il n’ait jamais apprécié la violence. Déjà à l’époque, il faisait preuve d’une bienveillance particulière envers ses camarades proches et moins proches et répugnait à faire du mal à qui que ce soit.
Une fois ses ASPICs en poche, il est rentré en Espagne. Il y a vécu pendant plusieurs années, enchaînant les petits boulots, et nouant et dénouant des amitiés au fil des ans... À l’âge de vingt-huit ans, un incident est survenu. Felipe évite d’y penser aujourd’hui, mais il sait que tout est arrivé par sa faute. Il ne pouvait pas rester en Espagne après ce qui s’était passé. Il n’aurait pas supporté de revoir ses parents, ses amis, et faire comme si de rien n’était. Alors, il s’est enfui.
Les dix années suivantes, il a voyagé. Il a fait le tour du monde, a découvert d’innombrables cultures moldues et sorcières. Il a appris à parler plusieurs langues – pas parfaitement, et toujours avec son petit accent espagnol – et s’est initié à l’art de la manumagie. Ses souvenirs le hantaient encore par moment, mais petit à petit ont laissé la place à des pensées plus joyeuses. Il a rencontré de formidables personnes, et vécu de formidables aventures. Il a enfin fait la paix avec lui-même.
L’heure du retour a sonné pour lui. Comme il ne peut plus revenir en Espagne, il prévoit de rejoindre sa deuxième maison, celle qui l’a accueilli à bras ouvert lorsqu’il n’était qu’un enfant : le Royaume-Uni. Il lui faudra trouver une maison, un travail, une nouvelle vie... Tout sera à refaire, mais l’avenir lui tend les bras et il est plein de ressources.