En dehors du Château Pré-au-Lard [En Cours] Nikola Brutcell
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Système

Maître du Jeu

Maître du Jeu , Owen Carter Quidditch, le 20/10/2124

Résultats des différents lancés de dés :

Dés à 4 faces :

  • 3

Elliot Blackburn , Owen Carter Quidditch, le 20/10/2124

N'ayant jamais mis les pieds dans les sous-sols de quelque boutique de Pré-Au-Lard, Elliot ne sait guère à quoi s'attendre en s'engouffrant à la suite de Freya à l'intérieur du large mobilier. Cela fait bien longtemps cependant qu'il a appris qu'avec la magie, tout est possible ou presque : il ne serait pas tant surpris de découvrir qu'Owen Carter avait un terrain personnel quelque part sous les fondations du village, empaqueté par enchantement entre de vastes parois de pierre. Ce qu'il découvre n'a pourtant rien d'un terrain, puisqu'il s'agit d'un réseau de tunnels filant dans diverses directions, sur des distances apparemment considérables.

 

Visiblement, ce n'est pas le premier tour de circuit de la jeune femme, puisqu'elle file sans la moindre hésitation. Les yeux vissés sur elle, Elliot se contente de rester dans son sillage. Une pointe d'adrénaline l'accompagne : avec l'ignorance de la topographie des lieux, l'évident risque d'une mauvaise manœuvre qui l'enverrait valser dans le décor. Faut-il espérer que la création du modèle OCQ 500 ne soit bien affublé de sortilèges d'urgence pour un tel cas de figure. Très probablement, en vérité, ou Freya ne l'aurait pas entrainé voltiger sous les fondations du village. Il y a quelque chose de parfaitement galvanisant de se trouver là à l'insu des habitants, comme un goût d'interdit qui n'est pas pour lui déplaire.

 

- D'la dope Carter, rétorque sa voix puissante.

C'est au détour brusque d'une énième coudée dans les tunnels étroits qu'Elliot perçoit la trappe immense qui leur fait face. Il a déjà commencé à ralentir pour parer au choc pratiquement inévitable, mais devant lui Freya lève un bras, actionnant l'ouverture par magie. Secouant la tête en étouffant un rire, il affaisse les talons sur les étriers pour reprendre de la vitesse. Immédiatement, une tractation violente à son mollet le fait glapir de surprise, et dans la seconde suivante, il est désarçonné de son balai avec une force prodigieuse. Son prototype continue de filer droit devant tandis qu'il se retrouve projeté au sol : l'impact n'est pas violent, cependant. Le sol, mouvant, est en réalité un mur, recouvert de lianes épaisses.

Un filet du diable.

Un filet dont Freya l'extirpe sans difficulté l'instant suivant, et c'est un Elliot particulièrement sonné qui se laisse être redressé par la sorcière.

- Woh.

 

C'est à peu près la seule chose qui lui traverse l'esprit avant qu'il ne croise le regard paniqué qui lui fait face.

 

- Quoi ?

 

Le vacarme seul lui répond, juste au-dessus de leurs têtes, et il capte à retardement qu'il s'agit probablement du propriétaire de l'habitation dans laquelle ils viennent de pénétrer parfaitement illégalement. Pourquoi d'autre Freya aurait-elle du user de magie sinon ? Pourquoi même y aurait-il eu un filet du diable prêt à choper n'importe quel personne essayant de s'infiltrer à l'intérieur ? Il n'a guère le temps de réfléchir, chope Freya par la main en cherchant des yeux une issue. Cette dernière se résumant à une porte derrière laquelle ils se planquent tous les deux. Le cœur battant, Elliot tend l'oreille alors que des grommellements parviennent au travers du bois.

 

- Foutus gamins. C'est toujours pareil. Z'auraient du effondrer ces tunnels depuis longtemps.

Elliot se pince les lèvres, glisse un œil vers Freya. Il se sent vraiment comme un môme qui viendrait de faire une connerie, et toute la situation est un peu ridicule. Le truc c'est que maintenant qu'ils sont planqués là, il se voit pas ressortir comme une fleur. Alors il secoue la tête, réprimant un rire en regardant Freya avec de grands yeux, agitant les lèvres pour énoncer une phrase parfaitement silencieuse : c'est ta faute ! Le type a l'air d'incanter des sortilèges, de l'autre côté, et pendant plusieurs longues secondes Elliot s'imagine qu'il va ouvrir la porte en grand. Il n'en est rien cependant. Bientôt, les pas s'éloignent rapidement tandis que les grommellements continuent, résonnent dans les tunnels jusque s'éteindre complètement.

- Il s'est tiré j'crois, il annonce inutilement.

Dans l'espace étroit, difficile de ne pas avoir les mains qui trainent. Pas qu'il se prive. C'est pas sa faute s'il fait sombre et qu'il a pas la place.

- J'en r'viens pas qu'tu m'entraine à commettre des crimes, Carter. Il ouvre la porte d'une main pour jeter un œil dehors. Puis il grimace en réalisant : l'modèle s'est tiré aussi putain.


Freya Carter , Owen Carter Quidditch, le 20/10/2124

Les débarras des sous-sols magiques abritent souvent des substances instables, des artefacts défectueux, des potions fermentées, des runes dormantes ou encore d'obscures créatures mises en quarantaine loin des habitants. Un lieu fascinant pour chaque jeune sorcier en quête d'aventure, une verrue pour les plus vieux. Freya retrousse son nez imprégné d'odeur âcre, pouffant silencieusement face aux grimaces du Gallois. Elle nie et pose une main contre sa bouche rieuse afin d'en contenir les gloussements et de cacher les rougeurs qui brûlent ses joues comme lorsqu'elle avait 12 ans.

 

La proximité d'Elliot n'arrange rien. Quand sa paume lui caresse la hanche, Freya se consume de l'intérieur, imaginant des gestes plus intimes et volontaires. "Il a pas fait exprès, calme-toi, on doit résister" répète-t-elle à son esprit bouillonnant jusqu'à ce qu'ils sortent du placard exigu.

 

— T'es devenu trop sage, c'est tout, ironise-t-elle délibérément en vérifiant l'extrémité de son balai malmené entre les étagères. Heureusement, le matériel OCQ mérite sa réputation et le prototype demeure intact. Par contre, le deuxième, merde, il a dû rentrer à l'atelier, ils ont une mémoire des trajets avec le coeur. Encore une innovation Carter qui permettra aux joueurs d'entraîner leur matériel à exécuter des scénarios d'attaque ou de défense en plein match. Elle mordille ses lèvres en réfléchissant et ramène sa chevelure désorganisée vers l'arrière. On va trouver une zone libre et transplaner. La visite des souterrains de Pré-Au-Lard s'achève à pieds, en prenant garde aux runes de protection, jusqu'à rejoindre un tunnel de terre non loin des caves privées du commerçant. Habituée au transplanage et à l'escorte, Freya tend son bras au batteur des Catapultes en serrant fermement le manche du balai de sa main opposée, et tous les trois disparaissent au milieu d'un tourbillon invisible à l’œil nu.

 

L'atterrissage s'avère inconfortable, leurs corps enchevêtrés dans une maisonnette de jardin pour petit sorcier. La rousse s'extirpe en grognant, ses épaules passant difficilement la porte miniature. Faut vraiment qu'on change ça, ça devient ridicule. Elle aide Elliot sous l’œil curieux d'une jeune fille aux longs cheveux roux, suspendue par les jambes à la branche d'un prunier dirigeable à quelques mètres d'eux.

 

— Salut encore Elliot Blackburn. Salut Yaya, sourit la pré-adolescente, un bouquet de prunes flottant au-dessus de sa main fermée sur les tiges.

— Qu'est-ce que tu fais là haut ?
— J'me demandais c'que ça fait d'être un fruit.

 

Coutumière des récits et idées fantasques de sa sœur, l'aînée Carter se contente de récupérer son balai en s'écriant alors qu'elle se fait soudain mordre le poignet. Ah ! Saleté ! Saisissant une espèce de pomme de terre boueuse dotée de pattes, elle n'a pas le temps de le faire tournoyer que Charlie saute de sa branche pour protester. NON ! À bas la maltraitance des gnomes ! 

 

— Charlie, t'es reloue, on est envahies là ! répond Freya en balançant mollement la créature dans un buisson.

— J'm'en fiche ! Ils ont des sentiments et ils ressentent la douleur comme nous ! Il va perdre son terrier et sa famille si tu fais ça ! L'apprentie sorcière réclame l'avis de leur invité. Elliot, pour ou contre l'étourdissement des gnomes de jardin ? C'est une méthode arriérée, ça devrait plus exister ! Ne me déçois pas ! 

— Charlie, on fait ça depuis la nuit des temps, laisse Elliot tranquille. Tandis qu'elle retourne en direction de l'entrée dérobée de  l'arrière boutique, son regard est attiré par un tas de vêtements jetés au sol sur la terrasse. C'est c'que j'avais acheté pour Alison ça, pourquoi c'est là ?

— Elle est venue chercher des trucs.

— Elle est là ?

— Ouaip.

 

Meilleur moment. La Poufsouffle lance une expression désolée au sportif alors qu'ils passent le seuil de l'arrière boutique et entendent la voix d'Alison retentir. T'as mis où les colis ?

— Salut Alison.

— Salut. T'as mis où les- oh. Salut Elliot !

 

Rajustant sa frange aussitôt qu'elle aperçoit le jeune homme, Alison mâchonne son chewing-gum et dévisage les deux silhouettes en face d'elle. Vêtue d'une jupe courte façon patineuse et d'un pull noir moulant, l'adolescente entortille ses phalanges dans les mèches flamboyantes qui retombent sur son épaule. C'est trop pour Freya.

 

— Tu veux pas mettre des collants là ? il fait 10 degrés. Et c'est quoi les habits par terre, que j't'ai acheté la semaine dernière ?

— J'ai une culotte, tu devrais être contente, étant donné qu'tu me prends pour une grosse catin. Et tes trucs là ? C'est pas des vêtements ça, c'est des uniformes de prison. 

— ALISON ! 

— Quoi tu veux la voir ? C'est pas car tu t'habilles en récup' que j'dois faire pareil j'te signale. Et Elliot sait qu't'as un t-shirt avec sa grosse tête dessus en pyjama ?

— Prends tes runes et tes colis et barre-toi Alison.

— Ah maintenant tu veux que j'me barre ?! Bravo. J'croyais que j'venais pas assez à la maison. T'as changé d'avis ?

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